Au début de novembre 2025, lors d’un concert de Maksim Galkin à Petah Tikva, l’artiste a brandi le drapeau ukrainien — un geste émotionnel de soutien que le public a accueilli par des applaudissements. Mais quelques jours plus tard, le 14 novembre 2025, les médias de propagande russes ont lancé une attaque massive : ils ont affirmé que Galkin aurait « profané » le drapeau d’Israël en le « recouvrant du drapeau ukrainien », et qu’il risquait désormais la prison.
Le problème est le suivant : en Israël, personne n’en a entendu parler.
Comment est né le faux « crime »
Le 14 novembre, les chaînes Telegram russes ont publié une série de messages où un extrait vidéo du concert a été sorti de son contexte. En une heure, le sujet a été repris par les grands médias russes — avec des titres pompeux sur la « violation de la loi » et « l’insulte au symbole de l’État d’Israël ».
Au centre de cette histoire se trouvent de mystérieux « militants israéliens » qui auraient déposé une plainte contre Galkin. Mais ni leurs noms, ni leurs organisations, ni leurs déclarations — rien n’existe.
Ce cas est également rapporté par « Gazeta-ru », Lenta-ru, EaDaily, « Komsomolskaïa Pravda », URA-ru et d’autres, mais la source est la même pour tous : le canal Telegram Mash.
« les militants du pays n’ont pas aimé le numéro, dans ce geste ils ont vu de l’asservissement et de l’occupation. Ils disent que l’humoriste a insulté le symbole national du pays. C’est pourquoi les gars ont écrit une lettre au ministère des Affaires étrangères et au ministère de la Sécurité nationale d’Israël pour demander de vérifier la situation et de punir le citoyen chypriote qui gagne bien sa vie grâce à eux ».
Mash est l’un des plus grands canaux Telegram russes, créé en 2017 et faisant partie du groupe médiatique News Media, traditionnellement lié au Kremlin. Le canal compte des millions d’abonnés et est connu pour publier des nouvelles sensationnelles plus rapidement que quiconque, souvent sans vérification des faits. D’anciens employés et des enquêteurs indépendants ont souvent souligné que Mash travaille en étroite collaboration avec les structures étatiques et remplit des tâches politiques, et que les décisions éditoriales sont souvent approuvées « d’en haut ».
Ce sont précisément des canaux comme Mash qui deviennent souvent les premiers à lancer des faux : ils prennent un épisode neutre, ajoutent des détails émotionnels — par exemple, des « militants israéliens » inventés — et lancent une vague de publications, qui est ensuite reprise par les médias fédéraux russes. C’est pourquoi les histoires qui commencent avec Mash nécessitent toujours une vérification : dans la plupart des cas, ce sont des constructions informationnelles sans confirmation.
Qui sont ces « militants » dont personne n’a entendu parler ?
En Israël, il existe un grand nombre d’ONG et de groupes communautaires réels.
Et si quelqu’un avait vraiment déposé une plainte contre un artiste public — cela serait apparu immédiatement dans les médias hébraïques.
Mais :
— aucun média en hébreu n’a écrit sur des « militants indignés »,
— aucun comité communautaire n’a reconnu sa participation,
— il n’y a aucune discussion sur cet épisode sur les réseaux sociaux israéliens.
Ces « militants » existent uniquement dans les publications russes — comme un élément de dramatisation de l’histoire.
Ce qui s’est passé sur scène au début de novembre
Les enregistrements du concert montrent une image complètement différente :
Lors du concert à Petah Tikva au début de novembre 2025, une chaise se tenait sur scène, sur le dossier de laquelle était accroché le drapeau israélien. Du public, un drapeau ukrainien a été remis à Maksim Galkin. L’artiste l’a pris à deux mains, l’a levé vers le public et a remercié la personne qui l’avait remis. Ensuite, il s’est approché de la chaise et a soigneusement accroché le drapeau ukrainien par-dessus le drapeau israélien, le plaçant de manière à ce que le drapeau israélien ne soit pas complètement couvert. Après cela, le concert a continué.
C’est un geste émotionnel scénique — une pratique courante lors des concerts, surtout lorsqu’il s’agit de soutenir les Ukrainiens, qui constituent une partie notable du public de ces événements.
Est-ce lié à la loi israélienne ? — en détail et avec des faits
Oui, en Israël, il existe effectivement la Loi sur le drapeau et l’emblème, 5709-1949 — la Loi sur le drapeau et l’emblème de l’État.
Elle a été adoptée dans les premiers mois après la proclamation de l’État et mise à jour en 2016, lorsque la Knesset a durci les sanctions pour insulte intentionnelle au drapeau.
La peine maximale selon la loi israélienne est jusqu’à 3 ans de prison ou une amende d’environ 58 400 shekels (≈ 15 000 dollars).
Mais il est important de comprendre deux choses :
- quelles actions tombent sous le coup de la loi,
- comment cette loi est appliquée dans la pratique réelle en Israël.
🔹 Ce qui est considéré comme une « insulte » selon le droit israélien
Juridiquement, le crime est l’humiliation intentionnelle, démonstrative et sans équivoque du drapeau.
Il s’agit de cas où une personne exprime consciemment du mépris pour le symbole national et le fait publiquement.
Les exemples classiques donnés dans les commentaires judiciaires et les guides de la police :
— incendie du drapeau ;
— déchirure ou destruction ;
— piétinement, crachats, jet dans une poubelle ;
— utilisation publique du drapeau dans un contexte humiliant ou vulgaire ;
— actions accompagnées d’insultes verbales envers Israël.
Ainsi, la loi décrit non seulement une action physique, mais un contexte d’hostilité manifeste.
🔹 Ce qui n’est PAS considéré comme une insulte au drapeau
La justice israélienne prête attention à l’intention et au sens du geste.
Ainsi, ne tombent pas sous le coup de la loi :
— les mises en scène théâtrales et scéniques,
— les interprétations artistiques,
— les actions domestiques accidentelles sans intention,
— l’utilisation combinée de plusieurs drapeaux,
— les gestes de soutien à un autre pays qui ne sont pas dirigés contre Israël.
Les tribunaux et la police examinent toujours le contexte, et non le simple fait du « contact » avec le drapeau.
🔹 Pourquoi les actions de Galkin ne tombent pas sous le coup de la loi
Selon la vidéo du concert à Petah Tikva, il est clair que :
— le drapeau israélien n’a pas été endommagé ;
— il n’a pas été détruit, brûlé ou déchiré ;
— il n’y a eu aucun mot humiliant l’État ;
— le geste de Galkin était un acte émotionnel de soutien à l’Ukraine, et non une démonstration de haine envers Israël ;
— le drapeau israélien n’a pas été « caché » ou « masqué » — il est resté visible ;
— il n’y avait aucun contexte agressif.
Pour la loi israélienne, c’est une action totalement neutre.
🔹 Comment cela fonctionne en réalité : la pratique policière
Une caractéristique d’Israël est l’application extrêmement prudente de cette loi.
Même dans les cas où des militants brûlent le drapeau lors de manifestations politiques, la police :
— n’arrête souvent pas les participants ;
— n’ouvre pas de dossiers criminels ;
— considère les épisodes comme une expression de position politique, et non comme un crime.
Ainsi, même des actions clairement radicales n’aboutissent souvent pas au tribunal, car Israël protège traditionnellement la liberté d’expression.
Dans un tel système, « l’affaire contre Galkin » est juridiquement impossible, car :
— il n’y a pas d’intention,
— il n’y a pas d’agression,
— il n’y a pas de dommage,
— il n’y a pas de danger public,
— il n’y a pas de plaignants,
— il n’y a pas d’événement criminel.
Pourquoi ce faux était-il nécessaire à la propagande russe
Il y a plusieurs raisons :
1. Attaquer Galkin, qui continue de critiquer le Kremlin et soutient l’Ukraine.
2. Semer la méfiance entre Israël et l’Ukraine, surtout dans le contexte des liens étroits entre les diasporas, les projets culturels et le soutien mutuel.
3. Promouvoir le narratif préféré de « l’asservissement d’Israël par l’Ukraine », qui apparaît de temps en temps dans les médias russes.
Le faux s’inscrit parfaitement dans cette ligne — émotionnel, éclatant, mais complètement détaché de la réalité.
Conclusion
Le faux sur la « profanation du drapeau » est une construction entièrement inventée, lancée le 14 novembre 2025 dans les médias russes.
Il n’a aucune confirmation dans les sources israéliennes et utilise des « militants » mythiques qui n’existent pas dans la réalité.
Le concert à Petah Tikva au début de novembre était un événement culturel ordinaire, où l’artiste a exprimé son soutien aux Ukrainiens.
Tout le reste est un produit de la propagande, qui tente de créer un conflit là où il n’y en a pas.
NAnewsNouvelles d’Israël Nikk.Agency
