Le correspondant militaire ukrainien Andriy Tsaplienko en Israël a réalisé un reportage vidéo diffusé le 26 octobre 2025 sur la chaîne de télévision TSN (1+1). Le film est devenu l’un des sujets les plus discutés de la semaine : il raconte la réalité post-guerre en Israël, la fragile « paix de Trump » et pourquoi le pays, ayant trouvé des armes russes chez les militants du Hamas, ne qualifie toujours pas la Russie d’agresseur.
Dans ce reportage, Tsaplienko s’entretient avec un certain nombre de témoins et de participants aux événements — chacun d’eux montre son fragment de la réalité israélienne.
Les voix entendues dans le reportage :
- Udi Goren, cousin du commandant du groupe d’intervention rapide Tal Haymi, qui raconte le retour du corps de son parent deux ans après l’attaque du Hamas.
- Adar Eylon, sœur de Shira Eylon, décédée au festival Nova, qui exige une enquête indépendante sur la tragédie du 7 octobre 2023.
- Anna Ukolova, porte-parole de Tsahal, major, expliquant comment l’armée israélienne a repoussé des attaques de plusieurs directions — du Hamas, du Hezbollah et des Houthis.
- Idan Sharon-Kettler, lieutenant-colonel des Forces de défense israéliennes et adjoint du commandant de l’unité de collecte de trophées, qui montre les armes saisies aux militants — y compris les fusils d’assaut AK-103 et AK-104 de fabrication russe.
- Levi Tabachnikov, (https://t.me/leviathanstories) participant à l’opération à Gaza et analyste militaire, affirmant que des instructeurs russes ont aidé le Hamas à former des opérateurs de drones et à coordonner les frappes.
- Sergueï Auslender, (https://t.me/voinasordoy) observateur militaire israélien, qui parle de « diplomatie avec le sourire et un couteau dans le dos » et explique pourquoi Israël craint de se confronter ouvertement à Moscou.
- Ma’oz Inon, entrepreneur et activiste du mouvement de coopération avec les Palestiniens, dont les parents ont été tués par une roquette du Hamas et qui croit en la possibilité de paix selon le plan de Trump.
Tout ce qui est connu sur ces événements provient du matériel vidéo que Tsaplienko a préparé personnellement, se trouvant dans la zone de conflit, à la frontière avec la bande de Gaza.
Sous le drapeau de David
Le premier épisode de la vidéo — les funérailles du commandant du groupe d’intervention rapide Tal Haymi.
Le 7 octobre 2023, lors de l’attaque du Hamas, il a caché sa femme et ses trois enfants dans un abri et est mort en défendant son village. Deux ans plus tard, les militants ont rendu son corps — dans le cadre d’un cessez-le-feu.
À l’écran — le drapeau d’Israël avec l’étoile de David et des fleurs blanches.
« Nous avons eu de la chance, Tal a pu être ramené cette semaine. Nous avons pu l’enterrer… Nous avons enfin pu obtenir ce réconfort », dit Udi Goren, le cousin du défunt.
Pour la famille Haymi, ce n’est pas la fin, mais le début du processus de mémoire. Pour Israël, c’est le symbole de la façon dont la trêve devient une partie de la vie, mais pas de la paix.
Voix de Tel Aviv
La scène suivante — la place des otages à Tel Aviv. Les gens scandent « Thank you, Trump ».
Beaucoup croient que ce sont les efforts de l’ancien président américain qui ont aidé à arrêter la guerre. Mais le journaliste montre : les tirs à la frontière résonnent encore, et la paix reste fragile.
Parmi ceux qui viennent ici chaque samedi, il y a Adar Eylon, qui a perdu sa sœur Shira au festival Nova.
« Shira n’est pas morte immédiatement. Elle a reçu une balle dans le cou et a vécu encore quelques heures, saignant. Les gardes israéliens l’ont trouvée, mais elle est morte en chemin », dit Adar.
Chaque sortie sur la place est un acte de mémoire civique. Elle et d’autres proches des victimes exigent une enquête indépendante.
Leur question est simple et douloureuse : comment un pays où la sécurité est presque une religion a-t-il pu permettre une telle tragédie ?
Quand le front est partout
Tsaplienko rappelle : le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas a franchi la frontière, Israël a perdu en une journée plus de mille personnes — principalement des civils. Plus de deux cents personnes ont été emmenées à Gaza comme otages.
Peu après l’attaque, des tirs ont commencé depuis le Liban et le Yémen.
Anna Ukolova, porte-parole de Tsahal, parle dans le reportage :
« Le 7 octobre, l’armée s’est mobilisée sur toutes les frontières. Dès le 8 octobre, les Houthis et le Hezbollah ont commencé à tirer sur Israël. Nous avons évité beaucoup de malheurs qui auraient pu se produire sur d’autres fronts. »
En arrière-plan de ses paroles — des images de kibboutzim détruits, de voitures explosées et de maisons incendiées.

Des armes russes sur le sol israélien
Un bloc séparé de la vidéo est consacré aux armes que les Israéliens ont trouvées après l’attaque.
Idan Sharon-Kettler, lieutenant-colonel de Tsahal, adjoint du commandant de l’unité de collecte de trophées, montre des caisses et des trophées :
« Le 7 octobre, nous avons saisi environ mille ‘kalachnikovs’ uniquement sur le territoire israélien et environ 500 lance-roquettes RPG. Et si l’on parle des munitions pour ceux-ci, il y en avait des milliers. »
À l’écran, on voit le marquage — « Made in Russia ».
« Nous avons trouvé l’AK-104 uniquement au Liban. L’AK-103 — partiellement en Israël, partiellement à Gaza même », précise-t-il.
Les militaires israéliens ne commentent pas les voies d’approvisionnement, mais dans la vidéo, Tsaplienko souligne : une part importante des armes est de fabrication russe.
« Instructeurs de Russie »
Le journaliste présente une interview avec un participant à l’opération à Gaza et analyste militaire Levi Tabachnikov, qui donne l’un des témoignages les plus directs :
« Je sais que dans la gestion des drones, des instructeurs militaires russes ont aidé — enfin, du moins, il y avait des informations selon lesquelles ils ont aidé à l’instruction. »
Plus tard, il ajoute :
« La Russie est un allié de l’Iran. Le Hamas, le Hezbollah, les Houthis — tout cela est un proxy de l’Iran. Le Hamas s’est entraîné en Iran. Et l’Iran coopère avec la Russie. »
Dans la vidéo, ces mots sont accompagnés d’images de matériel détruit et de tunnels souterrains. Les commentaires des militaires se résument à une chose — Moscou n’est pas seulement un observateur, mais une partie du système qui soutient les ennemis d’Israël à travers ses alliés.
Diplomatie « avec le sourire et le couteau »
L’épisode le plus politique de la vidéo — le commentaire de l’analyste militaire israélien Sergueï Auslender.
Il parle directement de la contradiction entre les faits et la position du gouvernement :
« En général, que la Russie soit du côté du Hamas, c’est assez évident. Dix jours après le massacre — et la délégation du Hamas a été reçue à Moscou. Et pas en secret — au niveau du vice-ministre des Affaires étrangères. »
Auslender explique pourquoi Israël évite les accusations directes :
« Dans la direction israélienne, il y a une peur rationnelle de la Russie, héritée de la peur de l’Union soviétique. Ils ont la possibilité de nous nuire, et nous, pas vraiment. Nous n’allons pas bombarder Moscou. »
Il appelle cela « diplomatie avec le sourire sur le visage et le couteau dans le dos » — une phrase qui est devenue la plus citée après la diffusion du reportage.
Entre peur et paix
Tsaplienko montre comment la fatigue et la méfiance coexistent dans la société.
Beaucoup d’Israéliens croient que le plan de Donald Trump a apporté la « paix », mais en réalité, il n’est devenu qu’une pause.
Ma’oz Inon, entrepreneur, activiste du mouvement de coopération avec les Palestiniens, ayant perdu ses parents à cause d’une roquette du Hamas, dit à l’écran :
« Le projet de paix à Gaza n’est que le premier pas. Il a déjà donné des résultats — l’échange d’otages et le cessez-le-feu. Mais ce n’est que le début. »
Cependant, la plupart des interlocuteurs du journaliste qualifient ce qui se passe non pas de paix, mais de trêve.
Sergueï Auslender conclut :
« La principale contradiction du conflit est que les Arabes ne veulent pas que nous soyons ici. L’idée de deux États est enterrée depuis longtemps. De la rivière à la mer, la Palestine doit être arabe. »
Les tunnels où vit la peur
À la fin de la vidéo, Tsaplienko descend dans l’un des tunnels détruits du Hamas.
Hors champ, sa voix résonne :
« Les militants, comme les maîtres des tours du Kremlin, utilisent les otages pour maintenir le pouvoir. Et, à en juger par le fait qu’ils éliminent physiquement leurs opposants, ils ne comptent pas céder le pouvoir à Gaza. Peu importe ce que Trump promet. »
Ces mots deviennent la culmination. Israël a obtenu une trêve, mais pas de réponse — ni à la question de l’avenir de Gaza, ni à la question du rôle de la Russie.
Parallèles avec l’Ukraine
Pour l’Ukraine, le reportage de Tsaplienko est plus qu’un sujet étranger. C’est un miroir.
Israël et l’Ukraine ne combattent pas seulement des armées, mais des idéologies.
Ici et là — une guerre contre ceux qui ne reconnaissent pas le droit de l’autre côté à exister.
Le Hamas pour Israël est ce que la Russie est devenue pour l’Ukraine : une force qui détruit les villes, justifiant la violence par des « objectifs supérieurs ».
La vidéo d’Andriy Tsaplienko « Pourquoi Israël ne condamne pas ouvertement la Russie et ce qui se passe après la “paix” de Trump » a été diffusée le 26 octobre 2025 sur TSN (1+1).
Tous les faits, noms et citations dans le matériel proviennent de ce reportage, tourné en Israël, dans le contexte des conséquences de la guerre avec le Hamas et des décisions politiques qui ont secoué la région.
Tsaplienko a montré Israël sans vernis ni slogans — un pays où les gens vivent encore entre guerre et paix, entre mémoire et peur.
Et ce reportage est devenu non seulement une histoire sur Gaza, mais un avertissement pour l’Ukraine : la paix construite sur des concessions n’est jamais solide.
Qui est Andriy Tsaplienko
Andriy Tsaplienko est un journaliste ukrainien, correspondant de guerre et documentariste, connu pour ses reportages depuis les points les plus dangereux de la planète.
Né le 12 octobre 1968 à Kharkiv. Il a commencé sa carrière dans le journalisme dans les années 1990, mais est devenu célèbre après 2001, lorsqu’il est devenu correspondant spécial de la chaîne de télévision « 1+1 ».
Il a travaillé en Afghanistan, en Irak, au Kosovo, en Tchétchénie, en Géorgie, en Syrie et dans le Donbass. Ses reportages se distinguent par le fait qu’il ne se contente pas de consigner les faits, mais cherche des histoires humaines au milieu du chaos de la guerre.
Tsaplienko est devenu le visage du journalisme ukrainien, qui allie courage de reporter et analyse honnête des événements.
Lorsque la Russie a commencé l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, il a continué à filmer sous les bombardements.
Ses images d’Irpin, Marioupol et Kharkiv ont fait le tour du monde, devenant une partie de la chronique documentaire de la guerre.
Récompenses et livres
Andriy Tsaplienko est Journaliste émérite d’Ukraine (depuis 2011).
Lauréat du prix national de télévision « Teletriumph » et de concours internationaux de journalisme de guerre.
Auteur de plusieurs documentaires et livres, parmi lesquels :
- « Le Livre des changements » — recueil de reportages et de notes personnelles sur les guerres du XXIe siècle ;
- « Chimère » — roman dans lequel il a pour la première fois réfléchi à l’expérience d’un journaliste ukrainien vivant entre guerre et paix ;
- « Équateur. Dix ans plus tard » — série d’essais sur les conflits mondiaux et le destin des personnes se trouvant en première ligne.
Ses œuvres ont été traduites en anglais et en polonais.
Tsaplienko intervient régulièrement dans des forums internationaux et des conférences médiatiques, où il parle de la guerre moderne et du rôle du journalisme comme outil de vérité.
