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« Au cours des derniers mois, des agents russes, se faisant passer pour des opposants politiques du Premier ministre Benjamin Netanyahou, ont lancé sur les réseaux sociaux israéliens une campagne manipulatrice appelant à sa démission. Jusqu’à présent, son impact semble limité, mais elle reflète l’intention d’intervenir dans les affaires intérieures d’Israël et doit être considérée comme un appel à l’action à l’approche de l’année électorale ».

Les débats internes autour de Benjamin Netanyahou font partie de la vie politique israélienne. Certains le considèrent comme un garant de la sécurité. D’autres comme une source de crise. Les coalitions, les réformes, les décisions du cabinet — tout cela suscite des réactions, et comme le soulignent de nombreux analystes, cela doit être l’affaire des citoyens israéliens uniquement.

C’est pourquoi les conclusions de Daniel Rakov, publiées le 24 novembre 2024 par le Jerusalem Institute for Strategy and Security (JISS), doivent être considérées non pas comme une critique interne, mais comme un signal d’alarme : au cours des derniers mois, des agents russes, se faisant passer pour des opposants politiques du Premier ministre, ont lancé sur les réseaux sociaux israéliens une campagne manipulatrice appelant à sa démission.

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Rakov constate : pour l’instant, son impact est limité, mais elle reflète l’intention d’intervenir dans les affaires intérieures d’Israël et doit être considérée comme un appel à l’action à l’approche de l’année électorale. En Israël, les élections doivent avoir lieu avant le 27 octobre 2026, ce qui signifie que la fenêtre d’opportunité pour les acteurs étrangers est ouverte.

La Russie renforce le dialogue — et mène simultanément des attaques

Le paradoxe souligné par le chercheur : alors qu’Israël intensifie le dialogue avec Moscou, la Russie mène parallèlement une campagne en ligne en hébreu appelant à la démission du Premier ministre. Les publications sont conçues comme si elles étaient écrites par de véritables utilisateurs israéliens opposés à Netanyahou.

Les matériaux semblent créés par des membres de l’opposition. Les photos, le style, les formulations émotionnelles — tout cela imite un débat politique vivant. Mais ce débat est artificiel. Rakov écrit :

« Cette activité pourrait faire partie de la préparation de Moscou à influencer les élections de 2026 ou être la continuation de ses tentatives routinières de semer la discorde dans les pays occidentaux ».

Objectif direct : les intérêts stratégiques de la Russie

L’auteur de l’étude énumère ce que Moscou cherche à obtenir. L’activité de la campagne vise à promouvoir les intérêts russes en Israël :

  • empêcher l’aide militaire ou politique israélienne à l’Ukraine ;
  • éloigner Israël de ses partenaires occidentaux ;
  • améliorer l’image de la Russie aux yeux du public israélien et des décideurs.
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Dès le début, les groupes d’opérateurs russes supposaient que le gouvernement Netanyahou pourrait être plus favorable à Moscou. C’est pourquoi les messages étaient déguisés en publications de partisans du « Likoud » et de « Ha-Bayit Ha-Yehudi ». Ce camouflage crée une fausse image du paysage politique, où les « nôtres » semblent promouvoir les intérêts de la Russie.

Désinformation et facteur américain

La campagne ne visait pas seulement Netanyahou. Elle agissait également contre l’administration Biden, ce qui était particulièrement visible pendant le cycle électoral américain de 2024. Les publications exprimaient des attentes de changement en cas d’élection de Donald Trump, diffusaient de la désinformation sur l’Ukraine, et appelaient à « se concentrer sur ses propres problèmes » et à ne pas soutenir Kiev.

Simultanément, la rhétorique soulignait le « rôle positif » de la Russie dans la sécurité d’Israël — une thèse qui contraste intentionnellement avec la réalité.

31 juillet 2025 : le moment où la campagne s’est concentrée sur Netanyahou

"La Russie mène une campagne contre Benjamin Netanyahou" : l'Institut de Jérusalem pour les études stratégiques (JISS) demande à la SHABAK de s'y opposer
« La Russie mène une campagne contre Benjamin Netanyahou » : l’Institut de Jérusalem pour les études stratégiques (JISS) demande à la SHABAK de s’y opposer

Rakov donne une date précise : 31 juillet 2025. C’est à ce moment que la campagne Doppelgänger sur Facebook israélien a subi des changements significatifs. Si auparavant le réseau imitait les partisans des partis de droite, il se faisait désormais passer pour des opposants à Netanyahou.

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Les statistiques sont les suivantes :

  • 80% des publications de la campagne (56 sur 70), accessibles à l’auteur, étaient dirigées contre le Premier ministre.
  • Le nombre de publications a augmenté de 70% par rapport à la période précédant le 31 juillet (41 publications).
  • Les messages sont devenus nettement plus agressifs.

La rhétorique incluait des accusations de « trahison d’État », « abandon d’otages », « prolongation de la guerre pour maintenir le pouvoir », « isolement d’Israël », responsabilité des « crimes de guerre » à Gaza, crise économique et même « imposition d’un second Holocauste ».

Tout cela n’est pas un débat interne — c’est un schéma écrit en dehors d’Israël.

La demande clé est la démission immédiate de Netanyahou et le changement de direction.

« Rappel dissuasif » : la Russie montre qu’elle peut intervenir plus profondément

Rakov formule clairement sa pensée : la campagne sert de rappel dissuasif aux politiciens israéliens que la Russie est capable d’intensifier son ingérence dans les affaires intérieures d’Israël, comme elle le fait dans d’autres pays. Et ce n’est pas une menace vide.

Dans la fuite de documents Doppelgänger, il a été découvert que les agents se préparaient dès le début à intervenir dans les élections israéliennes. De plus, l’idée de créer un parti politique capable de changer l’équilibre entre les camps a même été discutée.

Guerre de l’information de la Russie : plusieurs canaux, un seul vecteur

Selon l’auteur, la guerre de l’information russe agit sur deux fronts :

  1. ingérence politique dans les affaires intérieures d’Israël — sujet de l’analyse actuelle ;
  2. opérations d’influence sur le public en dehors d’Israël — un domaine distinct, au-delà du cadre de ce travail.
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La campagne contre Netanyahou n’est qu’un outil. Il y a plus de canaux au total, et leur ensemble peut conduire à des changements dans l’opinion publique.

Parmi eux :

  • l’activité des missions officielles russes, parfois coordonnant leurs actions avec des réseaux fictifs ;
  • un environnement médiatique ouvert en Israël, permettant aux médias russes de diffuser librement du contenu ;
  • l’influence sur la communauté russophone d’Israël, qui compte plusieurs centaines de milliers de personnes ;
  • la diffusion de récits russes par le biais de médias conservateurs occidentaux et de groupes marginaux en Israël ;
  • les attaques contre l’Ukraine et les tentatives de la présenter comme un « État nazi » ;
  • l’expansion de nouveaux canaux d’influence, y compris de grands groupes avec un contenu émotionnel « positif » (héros de Tsahal, histoires de soldats — parfois fictives).

2022–2023 : évolution de la rhétorique russe

Après l’invasion de la Russie en Ukraine et la condamnation de la guerre par certains ministres du gouvernement Bennett-Lapid, la rhétorique russe a changé. En Israël, des messages incendiaires sont apparus, dirigés contre les migrants de Russie et contre Israël lui-même.

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Des motifs antisémites ont commencé à s’insérer dans les messages russes. La montée du nationalisme russe, de la xénophobie et des groupes ultranationalistes marginaux a brouillé la frontière entre l’antisémitisme et les thèses anti-israéliennes. Cela s’est intensifié après le 7 octobre 2023, mais plus tard, Moscou a compris que l’incitation directe contre Israël nuisait à ses intérêts et a partiellement adouci sa ligne.

Néanmoins, les autorités russes ont continué à tolérer la diffusion de ce discours.

Ce que le SHABAK doit faire

Rakov propose des étapes claires :

  • élever la lutte contre l’ingérence politique étrangère à un niveau plus élevé de l’agenda national ;
  • coopérer avec l’Europe et les États-Unis, qui ont accumulé une vaste expérience dans la lutte contre les guerres de l’information ;
  • ne pas demander à la Russie d’arrêter la campagne — cela serait perçu comme une reconnaissance de son efficacité ;
  • se concentrer sur le blocage de l’infrastructure informatique, ainsi que des personnes physiques et morales soutenant les opérations d’influence ;
  • étendre les pouvoirs du Shin Bet et de la Cyberdirection, mais sans provoquer de mécontentement public.

Qui sont le JISS et Daniel Rakov : contexte indispensable pour comprendre l’importance du rapport

Pour évaluer les conclusions de l’étude, il est nécessaire de comprendre ce que représente le Jerusalem Institute for Strategy and Security (JISS) et pourquoi l’opinion de Daniel Rakov est importante. Ce n’est pas une formalité. C’est une partie du tableau.

Jerusalem Institute for Strategy and Security (JISS)

Le JISS est un centre d’analyse israélien indépendant, créé en 2017 à Jérusalem. Son nom initial était Jerusalem Institute for Strategic Studies. En 2019, l’institut a pris son nom actuel. Il ne fait pas partie des structures gouvernementales, mais travaille dans le domaine de la sécurité nationale et de la politique étrangère.

L’institut se consacre à l’étude des menaces stratégiques, de la dynamique régionale, de la concurrence des grandes puissances et des intérêts israéliens dans l’environnement mondial. Le JISS est composé d’anciens militaires, de membres des services de renseignement, de diplomates, de chercheurs ayant une expérience dans les structures gouvernementales. Cela fait de l’institut un point de convergence entre la connaissance experte et l’expérience pratique.

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Détail important : le JISS publie souvent des évaluations qui deviennent partie intégrante des discussions professionnelles dans les structures de sécurité. Pas toujours publiquement. Pas toujours directement. Mais elles sont lues. Elles sont citées. Leurs conclusions sont utilisées dans les agences concernées.

Le JISS n’est ni un institut « d’opposition » ni « gouvernemental » — il se positionne comme un centre réaliste. Cela signifie une orientation vers la comparaison pratique des menaces et des intérêts, et non vers l’idéologie.

Qui est Daniel Rakov

Daniel Rakov (דניאל ראקוב) est chercheur principal au JISS. Ancien officier de la Direction du renseignement militaire AMAN avec plus de 20 ans d’expérience dans l’analyse de la Russie, des pays du Moyen-Orient et de la concurrence des grandes puissances. Il a travaillé dans des unités étudiant le comportement stratégique de Moscou, ses campagnes militaires, ses limitations et ses opportunités.

De 2019 à 2021, Rakov a été chercheur à l’INSS — Institute for National Security Studies, l’un des centres d’analyse les plus connus en Israël. Il a ensuite rejoint le JISS. Il intervient régulièrement dans des forums internationaux — par exemple, le Vilnius Security Forum — où il analyse la politique russe et son influence sur la région.

Dans ses textes, il n’y a pas de rhétorique politique. La ligne est simple : évaluation des faits, des modèles de comportement et des risques. C’est pourquoi la publication du 24 novembre 2024 est significative. Elle n’est pas présentée comme une sensation. Mais elle contient ce qui suscite l’inquiétude : le lien entre l’opération russe Doppelgänger et les tentatives d’influencer la perception du Premier ministre israélien.

Rakov écrit dans un style de recherche, évitant les formulations tapageuses. Et c’est là, selon de nombreux experts, que réside sa valeur. Son analyse est perçue comme une évaluation professionnelle, et non comme une partie de la lutte politique interne.

Il n’affirme pas que la Russie change la politique israélienne. Mais il constate l’intention — et l’intention dans le domaine du renseignement est toujours plus importante que le volume.

Conclusion : une attaque contre Netanyahou de l’extérieur est une attaque contre le droit des Israéliens de choisir leur chemin

On peut débattre des actions du gouvernement. On peut critiquer la coalition. On peut soutenir l’opposition. Tout cela fait partie d’un processus démocratique normal. Mais quand une structure étrangère utilise ces débats comme une arme, l’attaque cesse d’être politique.

Elle devient une attaque contre tout Israël.

À cet égard, la discussion doit dépasser le cadre des experts, et des plateformes comme NAnews — Nouvelles d’Israël | Nikk.Agency jouent un rôle important pour que les Israéliens comprennent : ce qui semble être un débat interne est parfois écrit à des milliers de kilomètres d’Israël.

Publication de Daniel Rakov (hébreu) du 24 novembre 2024 Jerusalem Institute for Strategy and Security (JISS) – https://jiss.org.il/rakov-russian-political-interference-in-israel/

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